Conseil départemental
du Val-de-Marne
Lors de sa séance de lundi 17 décembre, le conseil départemental s’est prononcé contre le rattachement de notre quartier Polangis à Joinville-le-Pont.
Nous nous y attendions, sachant sa majorité identique à celle du conseil municipal de Champigny-sur-Marne et conscients de la solidarité de parti qui y règne.
Toutefois, 6 conseillers départementaux se sont abstenus et 10 voix se sont opposées à la proposition du président du conseil départemental, Monsieur Favier, défavorable au rattachement.
Résultat ne faisant certes pas la majorité mais dont nous pouvons être particulièrement satisfaits.
On est loin de l’unanimité du conseil municipal de Champigny !
Et, comme me le disais hier un de nos plus fervents soutiens, le vote aurait été encore plus favorable s’il s’était tenu à bulletin secret.
Je trouve effectivement regrettable que, sur une demande purement citoyenne comme la nôtre, le vote se soit exprimé majoritairement dans une discipline de groupe politique.
Dans une lettre récente que j’avais envoyée à chaque président de groupe comme au président, je m’étais permis d’exprimer le souhait que le vote se déroule à bulletin secret.
Ce n’est peut-être pas l’usage et le vote politicien l’a emporté sur le vote citoyen, à l’exception toutefois d’un groupe dont les membres se sont exprimés individuellement.
Je précise enfin que notre seul sujet a mobilisé pas moins de 3/4 d’heure des délibérations du conseil départemental.
Entendu en séance et impressions
Dès la présentation du rapport de la commission traitant de notre sujet, la messe semblait pourtant être dite.
En effet, il s’avère que le rapporteur de cette commission, Madame Le Lagadec, siège également au conseil municipal de Champigny en tant qu’adjointe au maire.
Les dés me semblaient alors pipés, impression confirmée par des affirmations dont chacun appréciera l’objectivité, comme :
– « L’ensemble des habitants des deux communes n’a pas été consulté »,
– « considérant l’absence d’avis favorable des communes concernées »,
– notre soi-disant défense « d’intérêts particuliers liés à la cote des biens ».
Le président du conseil départemental étayait ensuite ce rapport par des promesses d’améliorations comme celle de requalifier le nœud routier de la Fourchette de Champigny ou d’augmenter le nombre de bus vers la future gare de la ligne 15 de métro.
Chacun sait que la première est un vrai serpent de mer aujourd’hui endormi pour longtemps et que la seconde intéresse fort peu les campinois de Polangis qui disposent des bus et de la ligne A du RER à Joinville.
En outre, tout récemment, nous avons tous pu lire la copieuse publication « Champigny s’engage » où, d’ici 2030, le quartier Polangis n’est affecté d’aucun projet et où il n’apparaît même pas sur la carte communale. Monsieur Favier semble ne pas connaître cette publication campinoise.
La première contradiction est venue d’un plaidoyer en notre faveur de Madame Durand, conseillère du canton de Charenton-le-Pont, également élue municipale de Joinville, parfaitement au fait de notre situation et qui m’a fait dire à ma voisine : « J’embrasserais bien cette dame ! ».
Puis, une intervention très intéressante m’a semblé troubler les esprits. Elle venait de Monsieur Guérin, conseiller d’un canton éloigné de notre quartier (Orly), membre de la commission nous concernant, mais qui n’avait pas voulu prendre part au vote correspondant.
Ce conseiller, pourtant fervent défenseur des limites communales, a rendu hommage avec force au caractère citoyen de notre démarche, menée dans le strict respect d’un processus complexe, long et démocratique tel que prévu par le Code Général des Collectivités Territoriales.
Selon lui, l’assemblée ne pouvait faire fi de cette démarche au moment où, par ailleurs, la notion de référendum d’initiative citoyenne arrivait violemment sous les feux de la rampe.
Il concluait par cette supplique à l’ensemble des membre de l’assemblée départementale: « Ne méprisons pas les citoyens qui ont engagé cette démarche avec une énergie extraordinaire et qui font honneur à l’engagement républicain et citoyen démocratique dans notre pays »
Monsieur Capitanio résumait alors qu’il s’agissait de se déterminer face aux deux principes mis en évidence : le respect du fait communal et le respect de l’expression démocratique des habitants.
Devant le possible antagonisme de ces principes et l’aspect délicat du vote correspondant compte-tenu des sensibilités de chacun dans une situation inédite, il déclarait que les membres du groupe politique qu’il préside avaient décidé de s’exprimer individuellement.
Il exprimait même son doute sur la légitimité de se prononcer à l’échelle du département sur un cas étroitement localisé dans un canton particulier.
Puis, comme d’autres avant lui, il s’élevait aussi contre le caractère « irrespectueux et irresponsable » des propos de certains sur nos soi-disant « intérêts particuliers pour des valeurs vénales ».
Réflexions suscitées par ces débats
Sur ce dernier point d’abord, nous retrouvons effectivement ici des éléments de langage qu’utilisent depuis longtemps nos opposants, à défaut de proposition constructive, allant jusqu’à nous traiter de spéculateurs, ce qui a profondément choqué les habitants de Polangis.
Sitôt Joinvillais, n’aurions-nous de cesse que de vendre notre logement dans un quartier pour la réunification duquel nous nous battons depuis si longtemps et où la plupart d’entre nous avons notre vie depuis des décennies ?
Irresponsable, irrespectueux, disaient-ils. J’y ajoute absurde et condensons le tout en un seul mot de 3 lettres commençant par un c.
Ensuite je retiens quelques mots ou expressions pour leur présence ou absence dans les débats :
- Publique :
C’est bien le qualificatif de l’enquête qui a été ouverte à l’ensemble de près de 100.000 habitants de Champigny et de Joinville pendant 22 jours consécutifs et qui leur a permis de s’exprimer dans chacune des deux mairies, ou par courrier, ou via l’internet.
Des Campinois hors Polangis et des Joinvillais figurent d’ailleurs bien dans le rapport du commissaire-enquêteur.
Si ce n’est pas là une consultation citoyenne…
Il semble pourtant que beaucoup l’aient oubliée, ou négligée quand il ne fallait pas. - Enclavement :
Nous avons nous-même souvent utilisé ce mot dans nos nombreux argumentaires.
Il a donc été naturellement repris et sans doute mal interprété par les personnes qui ne connaissent pas particulièrement notre quartier.
Nous pouvons regretter qu’il soit en fait mal à propos, car nous ne sommes pas du tout enfermés à clef ou de tous côtés selon la définition de ce mot.
Il est indéniable que, par rapport à sa commune de rattachement, le quartier campinois de Polangis se trouve de l’autre côté du mur du parc du Tremblay et de la Fourchette de Champigny.
En revanche, il est complètement ouvert sur Joinville par toutes ses voies de circulation, ainsi qu’en témoigne l’homogénéité du tissu urbain de Polangis dans son ensemble, lui-même ouvert sur la ville basse que Joinville a développée au long de l’avenue Galliéni. - Boite de Pandore :
Voilà la grande crainte des élus !
Si l’on donnait une suite favorable à notre demande de rattachement à Joinville, alors surgiraient de toutes parts des demandes de modification des limites communales, voire territoriales.
Il existe sans doute, en plus ou moins grand nombre, d’autres demandes exprimées ou potentielles d’ajustement de limites territoriales.
Si nous étions nous-mêmes en situation de responsabilité à ce sujet, nous serions sans doute des défenseurs du fait communal.
Mais ce respect doit-il se traduire par l’intangibilité des limites communales quand l’histoire et la géographie d’un lieu, ainsi que ses habitants concluent à un découpage en dépit du bon sens, et alors que la possibilité des modifications demandées est prévue par la loi dans un processus long et complexe offrant tous les garde-fous nécessaires.
Nous sommes bien placés pour les avoir expérimentés dans une démarche citoyenne argumentée, résolue, respectueuse et très largement soutenue démocratiquement.
Au moment où commencent à se remplir partout des cahiers de doléances, je ne pense pas que notre but pourrait être à portée du premier RIC venu. - Bon sens :
Je ne me souviens pas avoir entendu une seule fois ces mots lors des délibérations à notre sujet.
C’est pourtant ce qui sous-tend l’essentiel de notre demande de réunification de Polangis.
Que faisons-nous hors des murs de Champigny avec notre étiquette de Campinois, alors que le quotidien de notre vie se déroule à Joinville sans que nous ayons droit à faire valoir l’étiquette de Joinvillais ?
A l’issue de toutes les étapes du processus qu’il a mis en œuvre à notre satisfaction, puisse maintenant le préfet du Val-de-Marne exprimer, dans le même bon sens, son propre avis en résultant !
René Ragheboom